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mercredi 17 mai 2017

PATAUGAS LA CHAUSSURE BASQUE DE MAULÉON EN SOULE


"PATAUGAS" UNE CHAUSSURE MYTHIQUE.


C'est une chaussure de légende, connue dans le monde entier,  qui a fait la fierté de la capitale de la Soule et de l'espadrille Basque.



C'est le 12 mai 1995 que les établissements Giraudier dernier fabricant de ces chaussures de 

légende ont été mis en redressement judiciaire et ses 35 derniers employés licenciés, mettant fin 

à une histoire de près de cinquante ans.


La chaussure Pataugas était un  compagnon increvable pour les randonneurs du monde entier, 

pour les chasseurs et les pêcheurs, ainsi que le godillot du fantassin en Indochine et en Algérie.

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PATAUGAS ARMEE FRANCAISE ALGERIE

De nombreux marcheurs, que ce soit le scout anonyme jusqu'au Président de la République 

François Mitterrand grimpant la roche de Solutré, près de Macon, les ont portés et appréciés.

Cette marque est devenue un nom commun, comme Frigidaire, Bic, Klaxon ou quelques autres.

pays basque avant
MITTERRAND EN PATAUGAS AVEC ROCARD


L'aventure de Pataugas a commencé à Mauléon (Maule en Basque) en 1948.

Son créateur, René Elissabide est un enfant du pays. 

Terrible, comme il se doit. Aux idées géniales et aux multiples faillites. 



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RENE ELISSABIDE CREATEUR DE PATAUGAS

Les plus anciens en parlent avec respect, parfois une pointe d'ironie, et encore beaucoup 

d'admiration. 

«M. René»? Un touche-à-tout vibrionnant, à l'origine de la prophylaxie de la tuberculose 

bovine, auteur de plus de 60 brevets; producteur de chaussettes en laine des Pyrénées, de 

produits insecticides, d'espadrilles; créateur d'un apéritif (le Retap) et, durant la guerre, d'un 

savon (le Devor) à base de résine des Landes, de sciure et de soude caustique - un vrai 

décapant! 

Ce Géo Trouvetou se transforme également en notable local: conseiller général du canton 

pendant dix-neuf ans, député suppléant, propriétaire d'un journal («Le Miroir de la Soule»), 

défenseur du folklore et initiateur d'une liaison routière vers l'Espagne... 

Entre autres choses!

Mais Pataugas couronne son oeuvre. 


Dans les années 30, déjà, Elissabide a lancé la sandale Regum - «RE» pour ses initiales et 

«gum» à cause de la semelle de caoutchouc. 


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SANDALE REGUM



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SANDALE REGUM



Ce sont des enfants espagnols qui l'ont inspirée à l'industriel: une poignée de marmots d'un 

village de la vallée de Roncal chaussés d' «abarcas», joli nom pour désigner les vieux bouts de 

pneu qu'ils fixaient à leurs pieds par des lacets. 


Adaptée et améliorée - avec l'aide d'un technicien du caoutchouc, un certain Giraudier - la 

charentaise Regum fait un malheur. 

Ce n'est encore pourtant qu'un galop d'essai. 


En 1948, de retour d'un voyage d'études aux Etats-Unis, le Basque imagine un brodequin de 

toile, léger mais très résistant, apte à une utilisation intensive. 


Quelque chose entre la sandale de jute et la très grosse chaussure de montagne. 


Le Pataugas est né (ainsi dénommé après que Pataugex ou Patagom eurent été éliminés) et, 

dans la foulée, une nouvelle façon de marcher: «Je n'évite pas les flaques. Je les cherche!» dit la 

réclame.

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RECLAME PATAUGAS


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PUB POUR PATAUGAS

Le succès est immédiat. 

De 10 ouvriers en 1949, l'affaire en emploie plus de 400, pour la seule fabrication, dès le milieu 

des années 50. 

Chaque jour, 4 000 paires sortent des ateliers, deux ou trois wagons sont expédiés de la petite 

gare de Mauléon. 

Rien ne paraît pouvoir perturber la production. 

Ainsi, le 7 septembre 1950, un incendie ravage l'usine. Quinze jours plus tard, l'activité 

reprend. 


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USINE PATAUGAS MAULEON PAYS BASQUE


En 1952, pendant près de deux mois, une grève générale paralyse l'ensemble des entreprises du 

pays, sauf Pataugas, où les salaires sont substantiels. 

Coûte que coûte, il faut satisfaire les commandes. 

Et d'abord celles de l'armée française, qui équipe les «p'tits gars» en partance pour l'Indochine 

puis l'Algérie.

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CHAUSSURE PATAUGAS DE MAULEON PAYS BASQUE

.

Avec un sens aigu de la communication, René Elissabide soutient le mouvement à grand 

renfort de campagnes publicitaires et de promotion. 

Le monsieur a la bosse du commerce. 

Il organise un grand prix du Pataugas cycliste, un tour de Lille des garçons de café, chaussés 

comme il se doit. 

Du «Chasseur français» à «France-Soir», il multiplie les réclames, et l'on voit, par exemple, 

Xavier Echaniz, le bûcheron, alors «l'homme le plus fort du monde», porter des Pataugas, des 

«chaussures pour les travaux de force»...


Elissabide a surtout deux formidables idées: il utilise de solides marcheurs qui travaillent dans 

sa fabrique - les «trois Etche» (Etcheverry, Etchegoyen, Etchebarne) - pour accomplir de longs 

raids à travers la France et l'Europe. 

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"LES TROIS ETCHE" DE PATAUGAS



Les gaillards sont chaussés de mocassins Iowa - une autre invention du Basque! - mais les 

caravanes publicitaires qui les suivent jusqu'à Strasbourg, Londres, Lille, San Remo, 

Gibraltar... vantent, à chaque étape, les inusables Pataugas. 


Sans Elissabide, très mondain, toujours entouré de jolies femmes, jamais Charlie Chaplin, Luis 

Mariano, Gabrielle Dorziat et Fernandel n'auraient connu Mauléon. 

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MOCASSIN IOWA 1956


Pour Pataugas, quels meilleurs ambassadeurs ? 

L'ancien chef de fabrication, Joseph Erreguible, 82 ans, le béret basque vissé sur la tête, 

n'oubliera jamais ce jour où il fit visiter les ateliers à Ginger Rogers ! 



Enfin, la consécration vient du général de Gaulle. 



Saluant l'inventeur lors d'une foire à Pau, il proclame: "Votre marque Pataugas est connue 

partout." 

Une tautologie bien gaullienne. L'apothéose.




Et déjà, le début du déclin. 


Les années 60 amènent la fin des guerres coloniales, une concurrence de plus en plus vive, et de 

nouvelles modes. 

Les difficultés s'accumulent. 

Le Basque, de plus en plus malade, décède, le 25 février 1967, à l'âge de 68 ans. 

Deux ans auparavant, jour pour jour, sa société était fermée. 

Rachetée aux enchères par un entrepreneur d'Alès, Louis-Clément Saltel, Pataugas va 

connaître une longue traversée du désert et une vie chahutée. 

En 1979, Saltel finira par céder la marque à l'entreprise Jallatte, qui, elle-même, sera reprise, 

en 1981, par André. 

Et il faudra attendre encore dix ans pour que ce groupe songe véritablement à relancer son 

exploitation par le biais d'une société de négoce du Val-de-Marne, Harika. 


Le plus étonnant ? 


Pour confectionner les derniers modèles de Pataugas, cette firme va se tourner, en 1994, vers 

un fabricant de chaussures, les établissements Giraudier (créés par ce même technicien du 

caoutchouc jadis associé à Elissabide), situés à Mauléon. 


Ce choix ravit, bien sûr, les habitants. 

On ne parle plus que d'un juste retour aux sources et on se reprend à rêver. 

Mais pas pour longtemps. 

Fin mars, Harika dépose son bilan, laissant la maison Giraudier avec une ardoise de quelque 

quatre millions de francs qui la contraint à cesser son activité.




Jamais, de toute manière, Pataugas n'a recouvré sa notoriété d'antan. 






(Source : http://www.lexpress.fr/informations/pataugas-lache-les-basques_608640.html et https://ikerzaleak.files.wordpress.com/2012/03/rene-elissabide.pdf )




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