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jeudi 17 août 2017

LE "KAPITO HARRI" ET SES NEUF FRONTONS À USTARITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LA PELOTE BASQUE À USTARITZ - USTARITZE (en Basque) (LABOURD) EN 1933.


L'ancienne capitale du Labourd avait en 1933 neuf frontons pour jouer à la pelote basque.


pays basque autrefois
ARMOIRIE D'USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le blason d'Ustaritz est : 

"Parti au premier d'or, au lion de gueules tenant en sa dextre un dard de harpon du même, posé en barre, la pointe ne haut; au second d'azur à fleur de lys d'or".

Le journal Match écrit le 16 mai 1933, sous la plume de Jean Labourd (pseudonyme?) un 

superbe article sur Ustaritz et le Kapito-Harri, son club de pelote basque, fondé en 1926 par 

Louis Dassance et l'abbé Elissalde dit Zerbitzari.

"L'Histoire nous apprend qu'il est des pays qui ont éprouvé toutes sortes de difficultés pour se trouver une capitale.

La province basque-française du Labourd, elle, n'a que l'embarras du choix! 

Bayonne - l'antique Lapurdum - a des titres à cet honneur; le Larousse - une autorité (!) en la matière - qualifie en effet cette ville de chef-lieu du Labourd, petit pays dépendant de l'ancienne Gascogne"...

Voilà de quoi, soit dit en passant, faire bondir d'indignation tous ceux qui ont du sang basque dans les veines!...

Ustaritz peut se glorifier, lui, d'être nettement appelé « l'ancienne capitale du Labourd ». 

Et les armes de cette jolie ville, joyau de la vallée de la Nive, se confondent avec celles de la province elle-même : « D'or à un lion de gueules, tenant de sa patte dextre un dard un peu péri en barre, à la pointe en haut du même, parti d'azur à une fleur de lys d'or ». 


pays basque autrefois
ARMOIRIE DE LA PROVINCE DU LABOURD

Il est vrai qu'Urrugne, la patrie des Dongaïts, revendique les mêmes armes et que l'Armorial général d'Hozier les donne comme appartenant à « la ville d'Ourrogne... capitale du pays de Labourd » !... 

pays basque autrefois
ARMOIRIE D'URRUGNE - URRUNA
PAYS BASQUE D'ANTAN

M. Jacques Meurgey remarque d'ailleurs, non sans désinvolture, qu'on a « quelquefois attribué à Ustaritz les armes d'Urrugne ». 

Quoi qu'il en soit de cette controverse héraldique et géographique, Ustaritz ne saurait être taxé d'usurpation lorsqu'il revendique sa qualité de très authentique et très vénérable centre basque, et,  c'est à bon droit que son nouveau fronton de rebot s'adorne des fameuses armes. „ 

Le pittoresque vocable de « Kapito-Harri » qu'on peut lire en tête de cette chronique et qui est le nom de la société basque d'Ustaritz, a aussi son histoire qui ne fait, d'ailleurs, que confirmer les origines reculées de cette ville.

Du temps que les Basques avaient leur indépendance et jouissaient de ces privilèges, de ces "fueros" que leurs frères d'Espagne réclament, aujourd'hui, avec tant de généreuse passion, Ustaritz était le centre où se réunissait l'assemblée des anciens, le "biltzar" du Labourd. La tradition rapporte que ces solennelles assises se tenaient dans un grand bois de chênes et que le chef du "biltzar" les présidait assis sur une large pierre. "Kapito", réunion; "harri", pierre, tel est le sens du mystérieux vocable que tant de succès, dans les championnats de pelote, ont rendu justement populaire.

Pour vous convaincre du sérieux de tout ce que j'ai avancé, et, surtout, de la fidélité que les Basques d'Ustaritz gardent à leurs nobles traditions, arrêtez-vous un jour au pied de la mairie de cette ville, dont le perron aboutit à la route départementale. 

Vous y verrez, scellée dans la muraille, une plaque de pierre blanche, portant cette inscription : "Laphurtarrek berek biltzarrak hemen egiten zituzten." - "C'est ici que les Labourdins tenaient leur assemblée."

Si  j'ai insisté sur cette question, qui peut paraître en marge de mes propos habituels, c'est pour convaincre mes lecteurs qu'en pénétrant avec eux à Ustaritz, c'est encore dans un fief incontestable de la pelote basque que je les mène. 

Du reste, si Ustaritz se voit disputer son titre de capitale, il en est un qu'on ne peut songer à lui ravir : celui de posséder, sur son territoire, le plus grand nombre de frontons. 

Rome avait sept collines, Ustaritz a neuf frontons. 

Six s'élèvent dans l'agglomération principale : la grande place, d'abord ; le fronton du quartier d'Iribère, celui de l'école communale et les trois frontons — dont un, splendide, de rebot — qui se dressent sur la colline où est bâtie l'école libre. Les trois autres sont dans ses faubourgs : deux à Arraunx, un à Hérauritz. Et je ne comprends pas, dans cette énumération, les nombreux frontons du petit séminaire où les jeunes étudiants basques s'adonnent à leur jeu national...  

pays basque autrefois
FRONTON PLACE DU JEU DE PAUME
USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois
FRONTON PLACE DU JEU DE PAUME
USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois
FRONTON PLACE DU JEU DE PAUME
USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Comment s'étonner, après cela, qu'Ustaritz ait possédé, dans le passé, des joueurs réputés et qu'il soit, aujourd'hui, un véritable nid de champions ?... 


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QUARTIER HIRIBERIA
USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN



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USTARITZ - USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN



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VUE GENERALE
USTARITZ -USTARITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Jetons tout d'abord un coup d'oeil sur les annales d'avant guerre.  

Le célèbre poème de Zalduby, « Pilotariak »,que j'ai déjà cité dans ces chroniques, fait une place — aux Ustaritztars dans cette sorte de litanie à la louange des joueurs fameux. Il en nomme deux pour l'époque héroïque qui va de Perkain à Gaskoina.

C'est, tout d'abord, Heraïtzeko Martin (Martin de Hérauritz), c'est ensuite Onddore, originaire du même quartier. L'un des partenaires de Gaskoina à la fameuse partie d'Urrugne fut Dominique Saint-Jean, également d'Ustaritz. 

Puis vinrent Bichente Beltza, et surtout, Saint-Martin Castagnet, mort récemment. Sa carrière de pilotari fut courte, mais enrichie des plus beaux succès, soit au blaid, soit au rebot. Le grand haspandar Yats, qui s'y connaissait, disait de Castagnet, à peine plus âgé que lui, qu'il avait été le  meilleur entre les meilleurs au temps de sa grande forme. Doué d'un bras puissant, il avait, chose rare pour l'époque, un excellent revers : c'était un « joueur », dans toute l'acception du terme. 

Quelques joueurs amateurs — plus près de nous — méritent la citation, tel ce docteur Duronéa, aussi bon joueur que bon juge, tels Emile Hirigoyen et Hippolyte Daguerre, spécialisés dans le jeu de « sare » (prononcez : charé) que le Trinquet moderne de Bayonne s'apprête à faire revivre. Les noms de Nicolas, Ducassou, Chango, etc., méritent aussi la citation. 

Au petit chistera, les frères Detchart, Hiribarren, Cadet Ezkerra ont été d'excellents joueurs, et au grand chistera, Pedrito, Michel et Raphaël Duhart ainsi que Ferdinand Hirigoyen, le maire actuel de Biarritz, se sont maintes fois distingués sur les places. Ferdinand Hirigoyen, en particulier, a un riche passé sportif. On n'a pas perdu le souvenir des fameuses parties de défi où Guéthary — avec Bertrand d'Elbée et l'abbé Dominique Doyhénart, — affrontait Ustaritz, défendu par Ferdinand Hirigoyen et Pedrito Duhart. Il n'y a pas encore longtemps que le premier magistrat de Biarritz enlevait le titre de champion de France au grand chistera. Enfin, il eut le grand honneur d'être sélectionné pour les Jeux Olympiques de 1924. A pala, les frères Etcheverry ont enlevé le titre national en 1931... 

Mais je touche déjà à l'époque contemporaine qui mérite une étude spéciale, tant elle est riche en jeunes champions et en initiatives heureuses. 

Avant de conclure cet aperçu sur la pelote à Ustaritz avant la guerre, il me faut signaler un fait assez rare pour une localité basque de l'importance d'Ustaritz. La capitale du Labourd (tranchons décidément la controverse à son profit), le siège de l'antique « biltzar », la ville aux neuf frontons a été, somme toute, assez pauvre en grands joueurs dans le passé. De plus, depuis la mort de Castagnet, Ustaritz, sans jamais cesser d'être un centre vivace de pelote basque, n'a pourtant pas produit de joueurs de premier plan. 

A quoi cela tient-il?... Je ne me charge pas de répondre à une pareille question : je me contente d'enregistrer le fait. 

Mais aussitôt après la guerre, une poussée de sève extrêmement vigoureuse a permis au vieux chêne d'Ustaritz de se couvrir de jeunes pousses : une extraordinaire éclosion de champions s'en est suivie.

S'il est toujours délicat de mettre un nom en avant lorsqu'il s'agit du renouveau d'un jeu aussi fortement ancré dans les traditions d'une race, je ne crois pas, toutefois, qu'il soit possible de taire ici celui de Louis Dassance. Fin joueur lui-même, familier avec le petit gant et, surtout, le rebot, ce « notable » d'Ustaritz — il est adjoint au maire — cet ardent mainteneur et propagateur de la langue basque — il est président de la société Eskualzaletn Biltzarra et co-directeur de la revue Gure Herria — s'est fait l'apôtre infatigable de la renaissance de la pelote à Ustaritz. Payant lui-même de sa personne, formant des jeunes, il a jeté la bonne graine dans un sol parfaitement préparé à la recevoir.

Et la moisson a levé. Je vous convie à la contempler de tout près au cours d'une prochaine chronique où nous parcourrons le riche palmarès du Kapito-Harri et où nous visiterons ensemble le magnifique fronton de rebot qui vient d'être édifié par les soins de l'abbé Blazy, auteur du beau livre, La Pelote basque, que j'ai souvent cité, et devenu, par la plus opportune des désignations, le Doyen d'Ustaritz, la ville aux neuf frontons.

P.S. : on a célébré comme une victoire le droit de cité accordé par l'Académie française au mot pelotari. J'en demande pardon à l'illustre compagnie, déjà passablement malmenée au sujet de sa grammaire, mais elle vient d'accueillir là un mot qui n'est ni français, ni basque, mais bien...espagnol ! Chez nous - en pays basque-français - on dit et on écrit pilotari, du basque : pilota.."






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